L’été d’ordinaire plus insouciant laissa le temps de faire naître et se propager les inquiétudes fortes, la chaleur et son lot d’incendies, les projets brisés des futurs propriétaires vaincus par les banques, elles mêmes apeurées par les taux. L’inflation apparaît comme un ovni pour les nouvelles générations, réapparaît pour ceux qui en ont apprécié les dégâts dans les années 80.
Puisque l’époque est propice à remonter le temps, voici celui de la crise de l’énergie qui revient en force. Se résumer fait l’écho des stress des Français, le pouvoir d’achat qui s’effrite quand les prix de l’énergie, indispensable à notre économie la plus élémentaire et à notre fonctionnement quotidien, s’envolent vers des sommets dont on ne mesure pas encore la cime.
L’hiver proche pose la question du chauffage pour tous et chacun, la guerre s’est fait plus pressante dans les inquiétudes naissantes, sans que celles de la crise sanitaire ne soient totalement enfouies. En surplus arrive l’heure politique, le bouc émissaire Total Energie, les justiciers, les piquets de grève ! Total Energie est une grande entreprise industrielle française qui a partie liée avec le pays, son gouvernement, nantie de nombreuses filiales, qui compte plusieurs milliers de salariés. Une partie, une partie seulement, une partie infime a décidé de bloquer le pays pour améliorer leur propre condition. Comprenons-nous bien, pas question de remettre le droit de grève en cause. Cette grande entreprise, comme d’autres, au fil de représentations des salariés très actives a négocié des conditions de travail et de rémunération favorables et enviables par une immense majorité des salariés du secteur privé.
Des salaires revalorisés au delà de l’inflation, auxquels s’ajoutent l’intéressement et la participation, qui les deux, sont adossés aux bénéfices, profits ou résultats selon le vocabulaire choisi, mais qui, dans tous les cas, constituent un capital important chaque année distribué aux salariés Total Energie.
D’ailleurs ces résultats et bénéfices, dont ils bénéficient, sont liés au cours des marchés, économie de marché dont la dénonciation par les grévistes les plus durs, est un de leur leitmotiv.
Une forme d’aristocratie dans le monde de ceux qui travaillent, qui doivent utiliser leur voiture pour rejoindre l’entreprise, et qui sont empêchés par une poignée qui bloquent les approvisionnements des stations services. Notamment celles de Total Energie très fréquentées en raison de la baisse du prix consentie à tous les clients et qui fait une différence sensible au moment du plein.
Ça me fait davantage penser à une grève pour défendre des privilèges mettant à genoux ceux qui n’ont pas les mêmes filets de sécurité et d’avantages, qu’ils soient salariés, artisans, infirmiers, chauffeurs routiers, la liste est longue.
Les bloqueurs d’approvisionnement font partie de ceux qui nous proposent de regarder la lune en ne fixant que leurs doigts. Bien loin d’une solidarité réaliste dont la France aura besoin pour affronter la crise naissante.