La mutation sociétale progresse vers une plus grande proximité
Le logement social est partie prenante de la modernité de l’aménagement de tous les territoires. La sidération passée de la crise sanitaire du printemps, nous nous sommes organisés, collectivement. Au cœur de cet ensemble d’initiatives solidaires, le logement social s’est mobilisé instantanément pour entourer et accompagner les plus fragiles, garantir les services essentiels de proximité et de maintien du cadre de vie.
Nous attendions un après, mais nous avons à gérer un entre-deux faisant face à une douloureuse réalité qui désormais s’installe. Cependant la mutation sociétale progresse vers une plus grande proximité, un cadre de vie adapté, et ce qui faisait l’objet de débats sur fond d’expérimentations devient pour l’habitat une cible à atteindre tout à la fois ambitieuse, juste et éco-responsable.
- Est-il l’heure d’instruire le procès d’un urbanisme commercial désordonné qui a rompu l’équilibre des centres villes et de leur périphérie ? Ou celui du développement débridé des lotissements, plantés là où le prix abordable du terrain rend accessible le rve de la maison individuelle ?
- L’instant se prête-t-il à l’analyse des conséquences ? Le dépeuplement des centres bourgs, un destin pour chaque lieu, parfois éloignés, le logement comme le travail, avec la voiture pour seul lien opérationnel ? L’insuffisante prise en compte par les politiques publiques locales des nouveaux enjeux ?
La liste est longue. Elle appartient à une époque que bon nombre de décideurs, qui en étaient acteurs, ne peuvent renier.
Aspiration collective à une nouvelle organisation de l’espace
Aujourd’hui, il en va autrement, l’environnement jusqu’à l’impact carbone commencent à résonner dans les esprits, à condition de se développer à l’abri des mises l’index de comportements ou des reproches aux familles qui n’en peuvent mais.
Cependant, nous observons une aspiration collective à une nouvelle organisation de l’espace, le tout est de savoir dans quelles conditions. En effet, lafracture s’est progressivement mais durablement installée entre les différents territoires, métropolitains, urbains ou villageois et bourgs ruraux. Quels que soient les hommages qui leur ont été rendus, le bons sens paysan résiste et demande des actes.
Au cœur de ces préoccupations, le logement social, producteur d’habitats pour tous les âges, tous les statuts de l’hébergement à l’accession à la propriété tient une place particulière. Il est tout à la fois investisseur, aménageur de tous les territoires et amortisseur social des fragilités familiales et économiques.
En Nouvelle-Aquitaine, les organismes HLM investissent chaque année 1,5 Md€ auprès des entreprises locales, soutien de l’emploi de proximité. Contracyclique, il investit même en temps de crise. La plus grande région française (équivalente à l’Autriche) entre littoral atlantique jusqu’à la frontière espagnole et terres en passant par la Creuse, se déploie autour de sa métropole, Bordeaux. En réalité, les 12 départements illustrent la diversité desdits territoires comme celles de leurs objectifs et de leurs moyens.
À l’aune du logement social, plus de 600 000 néo-Aquitains habitent le parc locatif du logement social présent dans 80 % des 3 600 communes. À ce titre, il est un aménageur de proximité dans tous les territoires. Cette présence fruit d’un dialogue constant avec les élus locaux, du projet à l’accueil des habitants, permet aussi l’implantation ou le développement de PME, ou celle d’une maison de retraite. Sa mission d’amortisseur social se perpétue depuis sa création, la crise économique qui s’annonce forte amplifie ce rôle majeur dans le pays.
Le logement social n’apparaît pas comme champ prioritaire du plan de relance
Comment s’engager pour allier relance et habitat en respectant les aspirations de nos concitoyens ? Or le logement social n’apparaît pas comme un champ prioritaire du plan de relance alors que les besoins s’accentuent nonobstant le virus.
Chaque type de territoire répertorie ses besoins auxquels le logement social est prêt à prendre sa part sans solliciter des budgets supplémentaires. En revanche, la suspension de l’amputation des fonds propres depuis 2018, au travers de la RLS, le rétablissement de la TVA à 5,5 %, en qualité de bien de 1e nécessité, sont requis pour assurer une production adaptée à la crise et en soutien à l’emploi.
Les territoires métropolitains, ou urbains, restent les principaux bassins d’emplois, là où les demandes sont les plus nombreuses. Au-delà des fameux travailleurs clés, les étudiants, comme les familles, sont autant de demandeurs de logements. Les formes modernes pour accéder au foncier au travers des OFS commencent à dessiner une nouvelle politique foncière urbaine qui mérite de se structurer autour d’une politique foncière sociale à 5 ans, période minimum pour une visibilité immobilière.
Reconquérir les centres et y accueillir des familles
Les politiques publiques locales orchestreront la mobilité, défi des zones urbaines. Quant à la restructuration des quartiers difficiles, elle s’intègre dans les priorités républicaines, les organismes HLM acteurs essentiels savent combien traiter le bâti est nécessaire mais pas suffisant sans la sécurité des habitants.
Les villes moyennes ou les territoires ruraux, également bassins de vie et d’emplois, expriment l’ambition de reconquérir leurs centres et d’y accueillir des familles. Le sujet s’aborde différemment. Le balancement d’un retour des grandes villes vers des zones plus abordables s’entend sans pour cela créer déjà un véritable mouvement. Pour autant l’anticiper suppose traiter la mobilité et la couverture numérique, à quoi s’ajoute un accompagnement réel à l’utilisation de l’outil numérique. La plateforme n’est pas propice au dialogue, n’est pas accessible à tous par dextérité ou manque d’équipement, pourquoi l’oublie-t-on si souvent ?
La mobilité est un sujet crucial dans les zones rurales, ou même dans la périphérie de certaines villes moyennes, dont la cadence des transports en commun ne s’accommode pas au trajet domicile-travail. Les modes alternatifs comme le vélo sont peu adaptés et le covoiturage peu utilisé. La loi LOM, très urbaine, n’affiche pas une ambition claire pour les autres territoires.
Pourtant, la modernité des zones rurales est à portée de main des politiques locales avec le soutien d’actions nationales.
Déconcentrer la décision d’orientation des crédits affectés à l’État-Région aux CRHH
Il en va ainsi de la sobriété foncière qui ouvre la voie à restructuration véritable des bourgs versus les lotissements. Créer de l’espace, repenser un habitat à densité douce adapté au mode de vie qui incite à les installations des familles est possible. Une discussion ouverte doit s’instaurer avec les ABF protecteurs de notre patrimoine, pour redonner une vie véritable aux cœurs de vie et de bourgs.
Puis osons déconcentrer la décision d’orientation des crédits affectés à l’État-Région aux CRHH, qui rassemblent professionnels et élus, avec des objectifs thématiques triennaux : le financement de nouveaux logements après démolition dans les bourgs, le PTZ pour l’accession des familles…
Les préalables de la couverture numérique, du traitement de la mobilité et l’orientation des crédits, permettent de se projeter dans les nouveaux cadres de vie, ceux de la réhabilitation ou ceux de la construction neuve, pour les locataires ou les futurs propriétaires. Alliée à cette transformation environnementale, la transition énergétique est partie intégrante de cet enjeu, tant par nécessité citoyenne que par justice sociale.
Améliorer les performances énergétiques d’un logement c’est également traiter les éléments de confort. A la faveur de ces travaux lourds n’y a qu’un pas pour intégrer le traitement du cadre de vie, cloisons ou balcons. Pourquoi ne pas jumeler les contributions financières, État, collectivités, banque des territoires, action logement, jusqu’aux fonds structurels européens, pour entreprendre des chantiers de grande envergure ?
Ambitieux, juste, éco-responsable, nos objectifs pour le logement social sont résolument inscrits dans un partenariat actif avec toutes les parties prenantes qui, comme nous, ressentent l’urgence d’accomplir nos missions de solidarité, de proximité, en osant s’affranchir, en toute régularité, de procédures ou mode de faire qui ne sont plus adaptés à la situation inédite que nous traversons.